Albert Cohen est né à Corfou, le 16 août 1895. Il éprouva un grand amour pour sa mère, qu’il raconta dans ‘’Le livre de ma mère’’ (1968). Alors qu’il avait cinq ans, la famille vint s’établir à Marseille où, pourtant, où elle ne connaissait personne : « Pourquoi Marseille ? Le chef de l’expédition [mon père] lui-même n’en savait rien. Il avait entendu dire que Marseille était une grande ville » (‘’Le livre de ma mère’’). Cette émigration à la fois politique (les relations étaient tendues entre les diverses communautés religieuses depuis un pogrom, en 1891) et économique (l’activité de la savonnerie familiale était sur le déclin) constitua une «fracture fondatrice ». De 1907 à 1914, il y fit, au lycée Thiers, des études médiocres, sauf en langues, et se lia d’amitié avec son condisciple, Marcel Pagnol, qui resta, toute leur vie, son meilleur ami. Lui, qui lisait depuis toujours « la Bible » et « Les mille et une nuits », découvrit Virgile, Dante, Shakespeare, Stendhal, Poe, Dickens, Baudelaire, Dostoïevski.
Par une deuxième fracture, il y connut l’antisémitisme, apprenant soudain à quel peuple humilié il appartenait. Il relata cet épisode décisif dans « Ô vous, frères humains » (1972). Un jour, alors qu’il rentrait de l’école, un camelot se moqua cruellement de lui en lançant à la cantonnade des plaisanteries sur les juifs, en le traitant de «youpin».
Reçu au baccalauréat avec la mention assez bien en 1913, il part à Genève pour suivre des études de droit à l’université. Licencié en 1917, il suit ensuite des cours de lettres jusqu’en 1919.
Passionné par la littérature, il commence à écrire des poèmes, qu’il publie sous forme de recueil en 1921 sous le titre Paroles juives. Engagé en faveur du sionisme, il devient directeur de la Revue juive de Paris en 1925 et compte comme rédacteur Albert Einstein et Sigmund Freud. Marié en 1919 à Elisabeth Brocher, celle-ci décède des suites d’un cancer en 1924, laissant seul son mari et sa petite fille. Il se remariera quelques années plus tard avec Marianne Goss et Bella Berkowich.
À partir de 1926, il devient fonctionnaire au Bureau international du travail à Genève, période dont il s’inspirera pour écrire son roman le plus connu, Belle du Seigneur (1968). En 1930, il publie d’ailleurs son premier roman qu’il intitule Solal et qui rencontre un succès exceptionnel en France, mais également dans le reste du monde puisque le livre est traduit dans plusieurs langues. Il écrit huit ans plus tard Mangeclous qui confirme le génie de l’écrivain. Durant la Seconde Guerre mondiale, Albert Cohen travaille pour l’Agence juive, qu’il finira par quitter en 1944 dû à des problèmes de confiance mutuelle. Au sortir de la guerre, il occupe le poste de direction d’une des institutions des Nations unies. On lui propose de devenir ambassadeur de la nouvelle nation d’Israël, mais Albert Cohen refuse, désirant davantage se concentrer sur son écriture.
En 1954, après 16 ans de non-activité littéraire, il publie Le Livre de ma mère, un récit autobiographique sur son adolescence. Si l’auteur est déjà reconnu comme un grand écrivain sur la scène littéraire francophone, il est consacré par le Grand Prix de l’Académie française en 1968 pour son chef-d’œuvre Belle du Seigneur. À l’âge de 75 ans, il souffre d’une grave dépression dont il sort finalement en se donnant un nouvel objectif : promouvoir son œuvre. Il publie ainsi ses Carnets 1978 et donne plusieurs interviews. Sa dernière œuvre, Le Nouvel Observateur, sort en mai 1981.
Albert Cohen est mort quelques mois plus tard, le 17 octobre 1981 à Genève.
Source bibliographique : Le Petit Littéraire et le Comptoir littéraire
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Albert Cohen sur le site lepetitlitteraire.fr
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